#25 Masque

Masque noir porté par des mains

En fonction des situations, des moments, des personnes avec qui nous sommes, nous portons des masques différents. Êtes-vous prêt à vous en démunir ? 🙂 Bonne écoute !

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Je sèche une larme, me regarde une dernière fois dans la glace. Si je place mes cheveux un peu devant mes yeux et que je souris, personne ne remarquera mes yeux rougis. Je soupire une dernière fois avant de pousser la porte. C’est parti. J’habille mon visage d’un sourire factice. J’offre à toutes ces personnes dans la pièce mon air jovial, mes rires… mon masque invisible. Rares sont les moments en compagnie où je ne le porte pas. Il fait partie de moi, ce masque de clown qui fait sourire la foule. Je les trompe tous, je les berne à ma manière. Je leur figure que je vais bien. Je ne vais pas bien. Mais ils me croient, lorsque j’appuie mes mots d’un sourire enjoué. Et je change de sujet. Depuis quand est-il là, ce masque ? Depuis quand est-il arrivé sur ma face ? Avec lui, j’ai l’impression d’être quelqu’un d’autre. Une autre version de moi. Plus joyeuse. Plus fausse. Mais quand vient l’heure de le retirer, de me retrouver seule, et d’arrêter de me cacher… Mon ombre repend le dessus. Mes larmes se mettent à couler. Non ça ne va pas. Je me regarde dans le miroir, les yeux rouges, la bouche tordue. Une autre version de moi-même. Qui du clown ou de l’ombre reflète vraiment mon être ? Peut-être les deux. Peut-être aucune. L’ombre a trop souvent souffert du rejet pour oser se montrer. C’est comme ça que le clown est arrivé. Il a donné le change, il a fait rire les gens. Il a même lié des amitiés, il a reçu l’amour que mon ombre cherchait. Alors il est resté. Il a continué à sourire et à rire, et l’ombre, une fois la nuit tombée, a continué à pleurer et sombrer. Que valaient ces amitiés si elles ne voyaient de moi qu’un visage factice ? Seraient-elles capables d’accepter l’ombre qui m’habite ? Et si ce n’était pas le cas ? Je serais démasquée. Serais-je capable de perdre tout ce que le clown a volé ? Serais-je capable de vivre sans jamais avouer la vérité ? Je réfléchis encore à cette dualité qui me déchire, quand quelqu’un s’approche de moi pour me saluer. Il me demande comment ça va. J’éclate, j’explose. Je me lance.
   – Non, ça ne va pas.

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