#20 Mémoire

La mémoire, c’est souvent une notion qu’on dit avoir ou ne pas avoir. Mais lorsque que durant des années nous sommes persuadés d’avoir une bonne mémoire, que ce passe-t-il ? On essaie de voir cela dans une fiction 🙂 Bonne écoute !

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Et pour ceux qui préfèrent lire...

Annie s’était toujours vantée d’avoir une bonne mémoire. Ce fut l’une des choses en laquelle elle avait le plus confiance. La mémoire des noms, des visages, des dates, des détails. Elle était toujours très fière d’enrichir le discours de ses amis de fait précis, divers et varié, qui leur étaient arrivés et dont les autres en avaient totalement oublié l’existence. Dès qu’elle leur remettait les détails en mémoire, tous s’exclamaient de contentement. Elle était toujours ravie de se souvenir de ses moments… et puis…
   – Mamie ? Mamie ?!
Qui était ce jeune homme qui l’appelait ainsi ? Il avait quelques-uns des traits d’Albert, son ex-mari. Mais ce n’était pas lui. Qui pouvait bien être cet inconnu ?
   – Mamie c’est Mathieu, ton petit fils.
Son petit fils ?! Annie fit semblant de sourire. La duperie fonctionna, car en réaction, un autre sourire sur le visage de cet inconnu naquit. Mais qui était-il à la fin ? Puis elle aperçut des traits familiers. Le doux visage de sa mère, Claudette. Elle regarda cette magnifique femme tout en prononçant son prénom. Cette dernière se rapprocha d’elle et lui prit la main.
   – Maman, c’est moi Lisa, ta fille.
Annie continua à sourire pour donner l’illusion. Que lui racontait-on donc là ? Comment connaissait-elle le prénom de son bébé ? D’ailleurs à cette heure, Lisa devait être dans sa chambre, et il faudrait bientôt l’appeler pour manger.
   – Je suis venue avec mon fils, Mathieu. Ton petit fils, tu te souviens ?
Se souvenir ? Elle se souvenait très bien ! Lisa, sa fille unique, n’avait qu’une dizaine d’années. Que pouvaient bien lui vouloir ces imposteurs ? Que se passait-il ? Pourquoi ces inconnus tentaient-ils de se faire passer pour sa famille ?
   – On t’a apporté des chocolats.
Annie en prit un autant par politesse que parce qu’elle adorait ça. Ils essayaient de l’amadouer, se dit-elle. Elle entreprit de se lever de sa chaise. Impossible. Elle n’aurait su dire si elle était attachée, ou si son corps avait décidé de ne pas lui répondre. Elle continua de sourire pour faire bonne figure. Elle était perdue.

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