#12 Nostalgie

La radio se met en marche. Dès les premières notes, on reconnait cette vieille chanson qui fût si souvent écoutée. Notre esprit est transporté hors du présent, direction les souvenirs, ce bal où nous avions dansé ensemble pour la première fois, cette musique que nous chantions à tue-tête à des heures indécentes de la nuit, cette splendide reprise que nous avions faite sous la douche en chantant dans le tube de savon. Ce flot d’images nous happe, nous emporte, nous rappelle ces moments passés. Non, ils n’étaient pas tous joyeux, certains furent humiliants. On y repense, avec un sourire naissant sur nos lèvres. Ah oui… C’était le bon vieux temps. Et puis la musique change, elle est plus douce, tout aussi vieille. Elle nous rappelle nos heures d’attente, dans le froid, sur un siège, dans notre lit tandis que le sommeil nous gardait dehors à moitié éveillés. Ces insomnies, ces désastres de vie, ces moments tristes, vides, qui avant avaient un sens. Le temps a passé vite, trop vite. Nous avons à peine eu le temps de nous retourner que nous avons vieilli, et ce que nous aimions aussi. Des réminiscences de notre histoire viennent de temps à autre se rappeler à notre mémoire, nous soutirant une larme ou un sourire à l’occasion. Tout est si bref, si incertain, si soudain. Oh oui, la vie passe si vite. La musique finit par se couper, mais nous sommes toujours dans nos pensées, à sourire et pleurer. À sourire, car nous étions bien, nous étions nous, en un peu plus maladroits, un peu plus inexpérimentés. À pleurer, car nous étions nous, heureux, insouciants du futur, de ce que l’on serait lorsque l’on y repenserait. Car après tout c’est cela la nostalgie. C’est quand nos larmes accompagnent notre sourire à la pensée de nos vieux moments. Le cœur serré.